
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé, jeudi 12 décembre, une baisse de ses taux directeurs de 0,25 point, ramenant le taux de dépôt à 3 %. Cette décision reflète l’atteinte progressive de son objectif d’inflation et la détérioration des perspectives de croissance. Le conseil des gouverneurs, présidé par Christine Lagarde, a également signalé un assouplissement futur de sa politique monétaire restrictive. Cette réduction marque la quatrième baisse depuis juin, accentuant le virage amorcé pour alléger les coûts d’emprunt des ménages et des entreprises. La BCE répond ainsi à une conjoncture où la désinflation progresse, mais où la reprise économique demeure plus lente qu’attendu. L’option d’une baisse plus marquée de 0,5 point a été écartée, compte tenu du contexte économique fragile.
Prévisions économiques revues à la baisseDans ses nouvelles projections, la BCE a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour 2024-2026 et d’inflation pour 2024-2025. Un changement notable dans le discours officiel accompagne ces ajustements : l’institution ne mentionne plus la nécessité de maintenir des taux « restrictifs aussi longtemps que nécessaire ». Elle anticipe désormais que l’assouplissement de sa politique favorisera une reprise progressive de la demande intérieure, soutenue par la hausse des salaires réels et les investissements des entreprises.
Turbulences politiques et économiques en EuropeLes décisions de la BCE interviennent dans un climat marqué par des incertitudes politiques et économiques, notamment en France et en Allemagne. La France traverse une crise institutionnelle après la chute du gouvernement Barnier, laissant le pays sans budget pour 2025 et avec un déficit public atteignant 6,1 % du PIB. En Allemagne, l’effondrement de la coalition du chancelier Olaf Scholz précipite des élections anticipées en février, amplifiant les difficultés d’une économie déjà affaiblie par une crise industrielle prolongée.
Christine Lagarde a également évoqué les tensions commerciales mondiales, en particulier les risques liés à une politique protectionniste accrue, qui pourraient peser sur les exportations européennes.
Incertitudes internationales et impact potentielLe retour possible de Donald Trump à la présidence américaine soulève des inquiétudes, notamment quant à des droits de douane plus élevés qui affecteraient la croissance de la zone euro. Par ailleurs, aux États-Unis, l’inflation a augmenté à 2,7 % en novembre, compliquant la tâche de la Réserve fédérale (Fed) avant sa réunion prochaine. Ce contexte mondial incertain risque d’influer davantage sur les décisions monétaires à venir.